texte écrit en 1995 face
aux réactions violentes suscitées
par les photos « et si nous nous regardions ? »

10 ans que j'avais envie de "rassurer" les femmes sur leur sexe : leur dire qu'il est normal (quel qu'il soit).

je sais par la parole et par les livres que les femmes aiment rarement leur sexe :
leur en montrer (même le mien avec lequel j'ai encore des difficultés) afin de les inciter et de les aider à découvrir de nouveaux plaisirs ; pour aller au-delà, d'autant plus que le sexe féminin, par nature fermé, n'est jamais montré écarté … ou alors perdu, rempli dans un monde de verges érigées.

que nous le regardions enfin, une fois dans notre vie, seul ou avec un autre sexe de femme qui l'accompagne.

regardons aussi son intérieur ( "aaahhh, c'est cela que l'on touche au fond ..!" ) en acceptant la gêne et l'attrait que cela nous procure et, pour une fois, sans juger de l'esthétique.
ces photos témoignent de mon histoire :
il y a 20 ans, je préférais ne pas me laver que d'aller me dévoiler dans les douches collectives ...
il y a 15 ans, il fallait que je fasse l'amour dans le noir...

en dépassant ma pudeur, ou plutôt en l'apprivoisant (elle est toujours là, mais connue, normale et non plus rejetée et nocive), de multiples nouveaux plaisirs se sont offerts à moi …
sans regard (l'oeil voit et le corps se montre) comment jouer, comment jouir ?
le regard accepté a fait évoluer et a inventé d'autres jouissances : apparaissent les jeux de la cellophane, du spéculum, de la brûlure... le regard effronté a ôté l'humiliation installée dans ma tête de femme.

combien de femmes, de lesbiennes parlent de leurs désirs, de leurs plaisirs ?
combien de femmes, de lesbiennes connaissent l'éjaculation féminine ?
combien de femmes, de lesbiennes qui "coulent" ont besoin de se rassurer auprès de leur nouvelle partenaire afin de ne pas être prise pour une femme qui urine en faisant l'amour ?

juste rassurer les femmes, les lesbiennes en prenant exemple sur ma vie, sur un chemin de 25 ans qui a démarré sur la terreur, le noir, la pudeur, la honte, la frigidité, la peur, les complexes... et qui arrive aujourd'hui dans une clairière de plaisirs, de bonheurs, et de jouissances d'être une femme, une lesbienne.

 

intimité blogueuse

naissance à paris, le 2 mai 1959
taureau ascendant taureau et cochon chinois : n'est notifié ici que pour imager le principal trait de caractère : tête baissée !
5 mois plus tard, la seule fois où je suis calme, mes parents m'oublient ... depuis, je pousse des cris parfois silencieux ...
peu de souvenirs d'enfance et de pré adolescence : vie (simili bourgeoise catholique) à oublier pour de multiples raisons y compris sexuelles. le noir s'installe ...
préfère ne pas se laver que de se montrer dans les douches collectives ...
à 17 ans (1976) : première nuit sexuelle avec la meilleure amie. toutes conditions réunies ... gourmandises ... souvenir merveilleux ... et deuxième entrée dans la sexualité très positive ! malgré l'amour dans le noir ...
première tentative de suicide.
commence des études de psychologie à malakoff.

départ, à 18 ans, pour vivre à marseille avec une femme aguérie, catholique et perverse ... perte des grandes illusions et frigidité pendant un an ... 3 ème entrée ...
plein de petits jobs :  distributrice de prospectus de nettoyage de moquette, démarcheuse d'assurances vie, vendeuse de fruits & légumes sur les marchés, tartineuse de toasts, animatrice de centres aérés, professeure de voile et de planche à voile chaque été ...
première année de psychothérapie.
brevet technique de « collaboratrice d'architecte ».
travaillera avec de multiples agences d'architecture pendant 16 ans.

retour à paris à 22 ans par amour ( !) et pour suivre des études d'architecture (1981).
militante à la maison des femmes : lesbienne radicale très engagée.
vendeuse de fromages sur les marchés.
professeure d'auto défense pour femmes : anime des ateliers dans des foyers de femmes battues.
rosicrucienne pratiquante pendant un an, tombant dans le new age avec cérémonies, jeûnes, rebirth, sweat lodge amérindien et autres jeux de rôle ...
2 ème tentative de suicide.
travailleuse à la chaîne au centre d’études nucléaires de saclay pendant quelques mois.
diplôme d'architecte à 28 ans avec pour directeur de mémoire, paul virilio. thème de la soutenance : « l'architecture inconsciente » ou l'architecture des rêves (de la nuit) ... sophie calle est dans le jury de soutenance pour son travail sur les dormeurs (à l'époque, manuscrit dont personne ne voulait.1988).

souhait de partir de paris : canada ?
par amour ( !), la destination sera de nouveau marseille (1988) malgré la proposition de travailler avec jean nouvel à paris ...
architecte libérale puis cheffe de projets au sein d'une grande agence d'architecture puis de nouveau libérale (1988/1996).
1990 : coparente mais le manque de cadre légal à l'homoparentalité  se fait douloureusement sentir en 1998 ...
présidente d'act up marseille, militante au sein de beaucoup d'associations (1992).
première exposition photos « et si nous nous regardions ? » avec premier scandale (1995) ; les autres scandales ou censures suivront au fur et à mesure de la sortie des expos suivantes.
film d'anne julien « l'origine du monde, le retour » sur l'expo et la réception des visiteuses ... prix du public cineffables (1999).
psychothérapie pendant 12 ans.
part en tournée musik pendant 3 mois et connait l'amour non exclusif ...
ouverture (avec 3 amies/ex-futures-amantes) d'un bar associatif culturel lesbien ouvert aux ami-e-s. organisation de soirées (jusqu'à 1200 personnes), programmation, militantisme, délires ... en font un lieu à réputation nationale (1995/2004).
graphiste autodidacte (fanzine mensuelle du bar, flyers, affiches, festivals, catalogues ...).
implication dans le collectif queerfactory (2002).
démarche évoquée dans" la culture gay & lesbienne " d'anne & marine rambach éditions fayard (2003).

clash marseillais ... profite de la passion, du chômage et du soleil pendant 2 ans...
entrée dans une démarche de coparentalité qui durera 2 ans et débouchant sur la stérilité du couple (!) ...
envie que les photos bougent : passage à la vidéo avec un premier film, rossY, bien diffusé (2004).
maux de dos et alitement pendant 9 mois pour hernie discale : dérives ... et perte de repères.
écriture d'un  livre noir d’une enfant réelle  « le monde de lala » (2004).
tournage des 4 opus, jouir malgré tout et d'émorroïdass (2005).
aggravation de l'état de santé et opération de deux disques avec légères séquelles physiques.

coupure totale de marseille avec retour à paris (2005).
rupTUrE ... bérézina totale ! deuxième 11.9 ...
la douleur débouche sur le cynisme qui, lui, restera ...
« le bruit des chaussons », film/compilation des 13 « premiers » court-métrages poétiques et/ou politico/trash.
plusieurs courts dans plusieurs festivals ... extraits sur canal +.
refuse d'exposer au salon rainbow attitude.
formation complémentaire en graphisme.
6 de ces courts rentrent au catalogue du « collectif jeune cinéma » (2006).

a fait acte d'apostasie en février 2006.

a découvert ce que suscite l'absence de sexualité avec l'autre corps pendant 18 mois et ce, agréablement.
pour quelqu'une qui est considérée comme "trash" cela peut surprendre ...
le rapport au corps, à l'autre en ressort modifié.

s'implique dans le pôle jeune transmission du collectif jeune cinéma.
la transmission pédagogique semble passionnante ...

novembre/décembre 2006 : voyage sur les routes de france avec des rencontres du "3 ème type"
réalisation d'un court métrage de 9 minutes : flouis, etc ...

décembre 2006 / mai 2007: deuxième plongée dans la souffrance du corps
alitée 4 mois sous morphine avec incapacité totale d'écrire et de créer ; quand le corps prend tout le contrôle d'une vie ...

plusieurs films en préparation :
le bruit des chaussons / version longue
le souffle-douceur
les filles d'issy
sans droit, ni loi
le jour du saigneur

souhaits réalisables ou non :
en vidéos, avec des jeunes : construire une métaphore de la sexualité ;
en photos & textes, vidéos avec des femmes de 15 à 99 ans : dévoiler leur sexualité et leur corps ;
réaliser un porno excitant ;
...
en curiosité de voir ce qui va arriver demain ... l'inconscient étant le meilleur guide !